AFO : un procès passé sous silence, un danger ignoré

📰 Procès de l’AFO : le silence coupable de la justice et des médias

Le procès des seize membres du groupe d’ultradroite Action des Forces Opérationnelles (AFO), accusés d’avoir voulu empoisonner de la viande halal et tuer des musulmans, s’est déroulé presque dans l’indifférence générale.
Alors que l’affaire révèle un projet terroriste d’une gravité extrême, la justice et les médias français semblent avoir choisi de fermer les yeux.


⚖️ Une justice qui minimise

Les faits sont pourtant glaçants. Entre 2017 et 2018, ces militants d’extrême droite ont projeté d’empoisonner des produits halal vendus dans des supermarchés, d’assassiner jusqu’à 200 imams, et de mener des attaques contre des mosquées.
Pourtant, le parquet national antiterroriste (PNAT) a décidé de renvoyer l’affaire devant un tribunal correctionnel, et non devant une cour d’assises spéciale antiterroriste, pourtant compétente pour juger les crimes de cette nature.

Résultat : des peines potentiellement bien plus légères pour des faits pourtant assimilables à du terrorisme islamophobe.
Plusieurs fédérations musulmanes, scandalisées, ont dénoncé cette décision comme une “laxité judiciaire” face à la haine antimusulmane.
Elles rappellent que si un tel projet visait d’autres communautés, ou s’il était commis au nom de l’islam, la justice agirait avec une toute autre sévérité.


🗞️ Une couverture médiatique quasi inexistante

Le silence n’est pas seulement judiciaire, il est aussi médiatique.
Alors que les attentats d’origine islamiste donnent lieu à des couvertures en continu, ce procès — pourtant exceptionnel par le nombre de prévenus et la gravité des accusations — a été quasiment ignoré par la plupart des grands médias nationaux.

Quelques articles, souvent discrets, ont été publiés dans la presse écrite ou sur les sites d’information, mais aucune grande émission, aucun débat de fond n’a été consacré à ce procès.
Les chaînes d’actualité ont préféré rester focalisées sur d’autres sujets politiques ou sécuritaires.

Cette différence de traitement interroge.
Pourquoi la France ne regarde-t-elle pas avec la même attention le terrorisme d’extrême droite, pourtant en progression dans plusieurs pays européens ?
Pourquoi la tentative d’attenter à la vie de citoyens musulmans n’a-t-elle pas suscité l’émotion nationale qu’un tel projet méritait ?


🧩 Un double standard inquiétant

Cette asymétrie de réaction révèle un malaise profond.
Lorsqu’un acte violent est commis par un individu se réclamant de l’islam, tout l’appareil d’État et les médias s’en emparent immédiatement.
Mais quand la cible, ce sont les musulmans eux-mêmes, et les auteurs des Français “ordinaires” d’ultradroite, l’affaire semble soudain moins urgente, moins politique.

Ce deux poids, deux mesures alimente un sentiment d’injustice au sein de la communauté musulmane, et mine la confiance envers les institutions.
Il contribue aussi à banaliser une violence islamophobe qui, selon plusieurs ONG, se radicalise depuis des années dans un climat de haine décomplexée.


📣 L’urgence d’une prise de conscience

Le procès de l’AFO aurait dû être un signal d’alarme : celui de l’émergence d’un terrorisme intérieur, nourri par la peur et la haine de l’autre.
Au lieu de cela, il se transforme en symbole d’aveuglement collectif.

Les institutions judiciaires ont manqué l’occasion d’affirmer que le terrorisme n’a pas de couleur ni de religion.
Et les médias, en restant silencieux, ont contribué à invisibiliser des victimes potentielles pourtant bien réelles.

Dans une démocratie, le silence face à la haine est toujours une forme de complicité.
Ne pas nommer le terrorisme islamophobe, ne pas en parler, c’est déjà le laisser prospérer.

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